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Bruno Peinado
Sans titre, Refugees
2009

Sans titre, Refugees
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Bruno Peinado
Sans titre, Refugees
2009

Œuvre unique éditée en 5 variations. 

(1) Clou or blanc 750/1000, 4,60 gr
5 traits 25/10 Ø
6,2 × 0,6 cm

(2) Clou or blanc 750/1000, 6,90 gr
6 traits 30/10 Ø tête quadri   

(3) Clou or blanc 750/1000, 11,10 gr
7 traits 35/10 Ø tête quadri 
7,5 × 0,8 cm

(4) Clou or blanc 750/1000, 11,10 gr
8 traits 35/10 Ø
7,5 × 0,7 cm

(5) Clou or blanc 750/1000, 11,10 gr
9 traits 35/10 Ø satiné
7,4 × 0,8 cm


« Sans Titre, Refugees »
par Bruno Peinado, avril 2022

Il y est question d’un « Sans Titre » réfutant tout commentaire et d’un sous-titrage paradoxal en contrepoint.
Il y est question de jouer avec des éléments de récit et de les mettre en frottement sans en tirer de forme de conclusion.
Il y est question de désirs de récits multiples et d’un ensemble de réflexions sur mon rapport à l’art.
Il y est questions.
Il y est question de rapport au monde.
Il y est question de ma volonté de ne pas faire de commentaires afin de laisser les interprétations multiples et ouvertes.
Il y est question des doutes que je peux avoir quant aux possibles malentendus du never explain, never complain.
Il y est question de la tectonique de mon travail et de ces déplacements constants de l’identité de mes recherches.
Il y est question des incertitudes d’un tel projet et des risques de désorienter les personnes qui s’y intéressent.
Il y est donc question de cette mécanique du désir qui pousse une personne à collectionner un·e artiste.
Il y est question de cette idée du désir de l’art en temps de crise.
Il y est question de ces déplacements des désirs de l’art après que la crise des migrants et la crise des subprimes de 2007 ont redistribué pour toujours les contours de la géopolitique comme ceux du paysage de l’art.
Il y est question de cette idée de refuge de la pensée que devrait être l’art alors que les crises des valeurs humaines se succèdent.
Il y est question de ce que l’on attribue à la notion d’art et de marché de l’art.
Il y est question de cette idée de l’art comme refuge de l’humanisme et de la polarisation du marché de l’art comme valeur refuge d’une économie mondialisée.
Il y est question de cette idée de refuge en temps de crise qu’est l’once d’or.
Il y est question de cette idée d’un clou déguisé en œuvre d’art.
D’un clou qui ressemblerait à un clou mais qui serait en or blanc.
Il y est question d’un clou qui permettrait d’accrocher une pièce et qui, un jour ou l’autre, aurait peut-être plus de valeur que la pièce qu’il maintient.
Il y est question d’un clou qui aurait fait fondre ou aspiré les valeurs symboliques de l’œuvre qu’il tenait.
Il y est question de cette idée d’une œuvre camouflée.
Il y est question de cet intérêt qui parcourt mes recherches autour des notions de masques, d’identité plurielle, de jeux de piste et de ce refus ou de ce travail à rebours d’une forme d’assignation à une signature et à un médium.
Il y est question de cette idée de l’artiste et de « la dissipation » avancée par Bernard Lamarche-Vadel lors de sa conférence en 1989 à la Villa Arson.
Il y est question de sa réflexion autour de cette idée de disparition ou de dispersion, alors qu’il évoque les conséquences d’un prochain krach boursier qui entraînerait « un krach des valeurs picturales ».
Il y est question d’un « mode d’emploi de l’artiste face à l’impérialisme de l’adhésion » qui pourrait être selon lui le fait de cultiver comme un jardinier « la dissipation et l’apathie ».
Il y est donc fortement question de cet héritage du commerce triangulaire et des nécessités qui sont les miennes d’échapper à toute assignation par la pratique récurrente de marronnages.
Il y est question de ces migrations non choisies et de la fuite dont l’art fait un éloge qui ne parvient jamais à masquer totalement la réalité des violences et des sacrifices.
Il y est question de l’effroi à quitter son foyer en temps de crise.
Il y est question du vertige de se défaire de ce qui fait nos liens.
Il y est question du manque et du vide.
Il y est question de la perte.
Il y est question de cette idée d’un clou qui pourrait contenir les récits et la valeur sentimentale des œuvres qui y seraient accrochées.
Un clou comme un précipité ou un esprit d’art qui contiendrait autant d’imaginaires à ne pas oublier.
Il y est question de l’or.
Il y est question d’origine et de déplacement.
Il y est question de celles et ceux qui sont des réfugié·e·s et de celles et ceux qui sont des migrant·e·s.
Il y est question de la formation de l’or il y a quatre milliards et demi d’années et d’une catastrophe cosmique.
Il y est question d’explosion d’étoiles super massives.
Il y est question de compression et d’étoiles qui s’effondrent.
Il y est question de météorites qui auraient bombardé la Terre il y a quatre milliards d’années.
Il y est question de l’or bling bling et de la valeur refuge.
Il y est question de l’or blanc et d’un or qui ressemblerait à de l’acier.
Il y est question d’un précipité de toutes ces notions et de bien d’autres encore pour cette série présentée à la Fiac de 2009.
Il y est question des possibles que le maillage de ces questionnements concentrés dans cette forme d’un simple clou puisse susciter.
Il y est surtout question d’un espace où les singularités des regards et des parcours de vie des spectatrices et spectateurs pourraient se faufiler et créer ces boucles narratives que mes recherches ne cessent de tenter.

Bruno Peinado

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